Texte de Coline Linder, Mai 2025

mélanie busnel

Une invitation à se perdre dans une forêt d’images

Mélanie Busnel, artiste colleuse au regard aiguisé, glaneuse infatigable de curiosités, explore les limbes des livres comme d’autres traversent des continents. Elle y déniche de vieilles gravures du XIXe siècle, puis les fait renaître dans des fables graphiques mêlant savoir-faire anciens et gestes contemporains.

Chaque collage devient alors un fragment de récit arraché au silence des choses. Amoureuse du papier, Mélanie découpe, assemble, détourne, s’amuse de la matière. Les ciseaux et les scalpels deviennent ses instruments de navigation pour inventer de méticuleux théâtres de papier ou des fresques immenses.

Dans son atelier-cabinet de curiosités, les matières racontent autant que les images.

Entre archives et imagination, ses créations dessinent une géographie intime, faite de silences, de plis, de colle, de patience et d’envolées. Des objets insolites, anciens fers à repasser, spatules oubliées, planches délaissées, se transforment en supports pour ses images.

Ses oeuvres forment un atlas poétique, une cartographie éclatée de territoires intérieurs, où l’on croise des têtes couronnées d’artichauts, des pêcheurs d’horizons, où les corps se confondent aux paysages,les algues deviennent crinières, le réel chavire entre brou de noix et encre de Chine et le présent s’invite avec la fougue d’une bombe de graff pour nourrir une prose surréaliste.